lundi 31 décembre 2007

Bilan de l'année...

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Le must de l'année. Les grands films et chef-d'oeuvres (6/6)

1. La Nuit nous appartient (James Gray)
2. Death Proof (Quentin Tarantino)
3. Exilé (Johnnie To)
4. Les Promesses de l'ombre (David Cronenberg)
5. Zodiac (David Fincher)
6. 7H58 ce samedi-là (Sidney Lumet)

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Les immanquables (5/6)

7. Ratatouille (Brad Bird)
8. Die Hard 4 - retour en enfer (Len Wiseman)
9. Le Rêve de Cassandre (Woody Allen)
10. Chronique d'un scandale (Richard Eyre)
11. American Gangster (Ridley Scott)
12. Les Simpson - le film (David Silverman)

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Les bonnes surprises (4/6)

13. Les Femmes de ses rêves (Peter Farrelly & Bobby Farrelly)
14. Steak (Quentin Dupieux)
15. L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (Andrew Dominik)
16. Planète terreur (Robert Rodriguez)
17. 99F (Jan Kounen)
18. Bug (William Friedkin)
19. Hairspray (Adam Shankman)
20. Lettres d'Iwo Jima (Clint Eastwood)

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Très mitigé. A revoir pour certains (3/6)

21. Michael Clayton (Tony Gilroy)
22. Supergrave (Greg Mottola)
23. La Fille coupée en deux (Claude Chabrol)
24. Election 1 (Johnnie To)
25. Hellphone (James Huth)
26. INLAND EMPIRE (David Lynch)
27. 300 (Zack Snyder)
28. Une vieille maîtresse (Catherine Breillat)

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De bonnes siestes en perspective ! (2/6)

29. 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Cristian Mungiu)
30. Paranoid Park (Gus Van Sant)
31. We Feed the World - le marché de la faim (Erwin Wagenhofer)
32. Black Snake Moan (Craig Brewer)
33. Les Témoins (André Téchiné)
34. Spider-Man 3 (Sam Raimi)
35. Le Prix à payer (Alexandra Leclère)
36. Rocky Balboa (Sylvester Stallone)
37. Le Serpent (Eric Barbier)

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Poubelle ! (1/6)

38. Boarding gate (Olivier Assayas)
39. Bad Times (David Ayer)
40. Sunshine (Danny Boyle)

jeudi 18 octobre 2007

Douze hommes en colère, Sidney Lumet (1957)

Un jeune homme d'origine modeste est accusé du meurtre de son père et risque la peine de mort. Le jury composé de douze hommes se retire pour délibérer et procède immédiatement à un vote: onze votent coupable, or la décision doit être prise à l'unanimité. Le juré qui a voté non-coupable, sommé de se justifier, explique qu'il a un doute et que la vie d'un homme mérite quelques heures de discussion. Il s'emploie alors à les convaincre un par un.

Comme le seront Point Limite ou encore Le Crime de l'Orient-Express, Douze hommes en colère est un huis-clos. On retrouve déjà le thème de la veulerie de la justice, cher au cinéaste, toujours engagé dans les grands événements politiques. Son premier film est un véritable coup de maître, considéré à juste titre comme l'un des plus grands films de tous les temps. A l'instar de son nouveau film, 7H58 ce samedi-là, Lumet adopte des points de vue différents pour le même événement. Chaque membre du jury s'exprime. Onze reconnaîtront le jeune homme coupable. Un homme tentera de les convaincre du contraire. Henry Fonda est une sorte d'ange envoyé par Dieu, comme en témoigne le plan final, ou il jette un regard au ciel, satisfait d'avoir accompli sa mission de sauveur. Un très grand film à découvrir. Ours d'or à Berlin.

samedi 6 octobre 2007

Barry Lyndon, Stanley Kubrick (1976)

L'Irlande du XVIIIème siècle. A la mort de son père, le jeune et ambitieux Redmond Barry est décidé à monter dans l'échelle sociale. Après s'être battu en duel avec le soupirant de sa cousine Nora dont il est amoureux, il est contraint de fuir son pays pour échapper à la justice. Il s'engage dans l'armée anglaise, déserte, rejoint les rangs des soldats de Fréderic II. Ayant séduit la contesse de Lyndon, il l'épouse à la mort de son mari. Elle lui donne un nom, une fortune et un fils.

Galerie de peintures, concerts symphoniques ou portraits d'un anti-héros ? Adapté du roman de Thackeray, Barry Lyndon retrace l'ascension et la chute d'Edmond Barry dans la haute société Anglaise du 18éme siècle et son itinéraire d'opportuniste et de parvenu.

Petit noble irlandais déchu, puis soldat de l'armée de Georges III, Barry se hissera au sommet, à forces de combines, de tricheries au jeu et avec pour finir, un mariage fortuné avec une aristocrate au grand style, veuve d'un lord infirme et fortuné. Il découvrira un monde corrompu aux règles néanmoins bien définies, avec ses trahisons, ses futilités, ses tromperies, un monde de gentlemen en somme. Edmond Barry est décrit en parvenu, pourtant beau, sans scrupules mais humain tout de même. On est loin d'une description manichéenne d'un méchant personnage.

De son coté, Lady Lyndon est projetée en aristocrate, trompée, bafouée, silencieuse face au sort qui s'acharne sur elle, digne et campée en héroïne tragique. Le narrateur qui nous conte l'histoire s'arroge plusieurs rôles non content de nous raconter, il juge, préjuge, anticipe la fatalité qui s'abat sur le héros et imprime son rythme a l'histoire, l'accélérant ou le ralentissant a son gré. L'effet est néanmoins agréable car paradoxalement, le spectateur est sollicité et témoin, et prend partie.

Plus fascinants encore, sont les décors, la campagne irlandaise ou allemande, les ciels surchargés préfigurant la tragédie, les châteaux somptueux et les champs de Bataille, Kubrick a ressuscité Gainsborough et Constable pour les enrôler comme assistants. Les événements sont entrecoupés : de véritables tableaux, extrêmement bien cadrés qui contribuent à adoucir la violence de certaines scènes tournées en extérieurs. Stanley Kubrick, outre le fait d'être perfectionniste, tenait à restituer exactement les éclairages des intérieurs de l'époque sans ajouter l'appoint de lumières artificielles. Stanley Kubrick a également reconstitué l'Europe du 18éme Siècle avant et après la Guerre des 7 ans.

Tous les costumes et décors du film ont été fidèlement reproduits d'après les tableaux d'époque. Barry Lyndon est également agrémenté de sublimes travellings avant et arrière, de plans séquences homogènes et de mouvements fluides. On soulignera que Stanley Kubrick a put trouver un objectif, aussi sensible qu'un oeil mis au point pour les études de la NASA, et, autour, il fit construire une caméra nommée le « Zeiss ». On retrouve dans Barry Lyndon de superbes musiques classiques empruntées à Mozart, Vivaldi, Bach ou encore Haendel qui renforcent également le côté documentaire.

En dépit d'un échec commercial, quatre oscars ont couronné Barry Lyndon : meilleur direction artistique et décors, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical. Barry Lyndon s'impose à la fois comme une oeuvre majeure dans la filmographie de Stanley Kubrick, d'une magnificence visuelle encore inégalée, et à mes yeux, son plus grand film.

dimanche 23 septembre 2007

Délivrance, John Boorman (1972)

Quatre Américains de classe moyenne, Ed Gentry, Lewis Medlock, Bobby Trippe et Drew Ballinger décident de consacrer leur week-end à la descente en canöe d'une impétueuse rivière située au nord de la Géorgie. Ils envisagent cette expédition comme un dernier hommage à une nature sauvage et condamnée par la construction d'un futur barrage. Mais les dangers qu'ils affronteront ne proviendront pas uniquement des flots tumultueux de la rivière...

Une région entière va être inondée afin d'y implanter un barrage hydro-électrique, forêts, champs et notamment une rivière dont quatre amis décident d'en remonter le cours avant sa disparition. Boorman saisit ce prétexte pour réaliser un film marquant sur le thème classique de l'homme et de la nature, scénario librement adapté du roman éponyme de James Dickey.

Survival par excellence, Délivrance tire sa force de la confrontation permanente entre l'homme et son environnement, avec un astucieux parallèle entre la disparition de la rivière et la destruction de l'homme, par nature interposée, ou du moins la perte de ses valeurs et de ses repères. Boorman met en opposition l'harmonie de la nature jusque la préservée et la violence introduite par la civilisation a l'image des des tracteurs détruisant l'environnement et les déflagrations qui défigurent le paysage existant. Un véritable viol à l'instar de celui que subira un des protagonistes. En vérité, tout dans ce film est rupture d'harmonie que Boorman s'attache à décrire à travers des oppositions, des métaphores, telles le citadin et les habitants dégénères, le silence des paysages et les explosions, la beauté de la nature et la violence de l'homme.

Les quatre personnages du film sont de parfaits citadins, peu préparés à ce type d'aventure, à l'exception de l'un d'entre eux, brillamment interprété par Burt Reynolds, aguerri, déterminé et sans états d'âmes. L'intérêt du réalisateur est de se focaliser sur les personnages dont on attendait le moins de résistance pour les suivre dans leur comportement, mis à mal par les multiples épreuves auxquelles ils seront confontés. Aucun n'en sortira indemne de ce qui aurait pu être une belle aventure écologique, si elle n'avait pas été troublée par la violence, la compromission, le meurtre. La nature amène l'homme a être confronté à lui-même et chacun, à l'exception de Drew, perdra ses valeurs. Seule la nature sort victorieuse de ce combat, ou l'homme gagnerait a plus d'humilité. Le thème, somme toute classique, est très bien exploité par Boorman grâce notamment à la beauté des paysages et une talentueuse maîtrise des scènes de chutes de rapides. Le film a été tourné en décors naturels en Géorgie et en Caroline du Sud. Boorman a disposé semble t-il de moyens limités, mais le résultat est très honorable, d'autant que le film a été nominé dans plusieurs catégories...

Délivrance n'a pas pu se mesurer avec Le Parrain et Cabaret, grands vainqueurs de la soirée. Mais le temps l'a largement oscarisé, le faisant ainsi figurer dans les plus grands films du Nouvel Hollywood. Une grande oeuvre assurément.

mercredi 12 septembre 2007

Breezy, Clint Eastwood (1973)

Un architecte quinquagénaire rencontre une jeune hippie. Leur relation amoureuse se heurte aux préjugés de leur entourage.

Clint Eastwood est assurément l'un des plus grands cinéastes américains de tous les temps. Le bonhomme a tourné dans divers registres : drames, polars, action, thrillers, westerns, biopic, guerre. Sans jamais réellement nous décevoir. Bien avant Million Dollar Baby ou encore Sur la route de Madison, Eastwood parvenait déjà à nous émouvoir avec une histoires simple, touchante et dénuée d'artifices. C'est ainsi qu'en 1973, naissait Breezy, véritable bijou, très peu connu aujourd'hui du public. Le film s'attache à nous raconter les relations fugaces d'une jeune hippie sans le sou et d'un riche quinquagénaire immobilier. Ayant eu la chance de le visionner en DVD récemment (il vient de sortir en zone 2 pour information), je ne peux que vous le recommander. Le film fut un lourd échec commercial, n'encourageant ainsi pas l'acteur-réalisateur à poursuivre dans cette voie intimiste. Pour preuve, il faudra attendre 20 ans pour voir Sur la route de Madison. Si Breezy apparaît aujourd'hui comme mineur dans la filmographie du maître, il n'en demeure pas moins est une très belle surprise qui mérite le coup d'oeil. Les fans du réalisateur seront comblés.

Les Chiens de Paille, Sam Peckinpah (1971)

Un jeune professeur de mathématiques américain, David Sumner, s'installe pour travailler dans une ferme isolée de Cornouailles, le pays natal de sa femme Amy. Il engage quelques jeunes gens du village pour réparer sa grange. L'un d'eux, Venner, a eu une liaison avec Amy avant son mariage. Ils proposent une partie de chasse à David et, en son absence, Venner et son ami Scutt violent...

Sam Peckinpah est un grand cinéaste. Mais également très délaissé du grand public. En tournant Les Chiens de Paille, le cinéaste aborde a nouveau les thèmes récurrents dans son œuvre : la violence et ses conséquences sur le comportement de l'homme. Peckinpah a déjà bouleverse les règles du Western en réalisant La Horde Sauvage, mais avec Les Chiens de Paille, il renoue avec des règles qui lui sont familières, notamment l'assaut final rappellant le Rio Bravo de Howard Hawks.

Les Chiens de Paille s'attache à nous raconter le destin de David, jeune mathématicien, désirant fuir l'Amérique et son atmosphère orageuse. Il émigre alors en Cornouailles ou il est confronté dés son arrivée à l'agressivité des autochtones. Atteint dans ses convictions, il aura lui aussi recours à une violence qu'il combat. Le ton et donné des les premières séquences : un village pauvre, des hommes désœuvrés notamment quelques personnages aux faciès inquiétants dont les regards lubriques se posent sur les jeunes filles qui traversent la place. Un jeune américain, Dustin Hoffman fait son apparition dans ce monde qui lui est étranger, en compagnie de sa femme originaire de la région, afin d'y trouver le calme et la tranquillité, fuyant ainsi l'agitation des grandes métropoles américaines et la violence. Cette situation donne matière au thème principal du film, la violence dans une ville déshéritée d'Angleterre. La loi y est réduite a sa plus simple expression, incarnée par un juge sans grand pouvoir. Les relations entre les hommes sont primaires. On pense a une société traditionnelle voire moyenâgeuse ou les biens et les femmes sont convoités.

Progressivement, les autochtones vont envahir l'intimité du couple. La caméra accompagne cette intrusion par une focalisation permanente sur les victimes potentielles. La naïveté et l'honnêteté de David encourageront l'impunité totale des tortionnaires. Le comportement de David sera interprété comme un signe de faiblesse. Sa femme semblera étrangement s'accommoder de cette situation qui lui semble familière. Le viol de Susan George est ainsi annoncé par un voyeurisme récurrent ou participent enfants et adultes. Une traque impitoyable aboutissant à l'assaut final ou se distinguera par son courage, le héros, retrouvant par son comportement l'estime de sa femme ayant grandi dans cette communauté primitive. Une relation complexe, faite de provocations, de sympathie et de répulsion s'établit entre Susan Georges et les villageois. Cette situation est la résultante de la conscience de la faiblesse de son mari et la reconnaissance des plus forts. La scène du viol reflète cette ambiguïté. Sa résignation traduit une certaine acceptation et une reconnaissance de la force. Elle n'a pas totalement rompu avec ce monde primitif.

On retrouve également dans Les Chiens de Paille, des procédés de mise en scène fréquents chez le maître (ralentis, montage brut...). Le cadre du film est à l'image de la scène finale. Lors de l'assaut des villageois, Dustin Hoffman retrouve l'instinct naturel de l'homme traqué et amené à se défendre.

Longtemps interdit en Grande Bretagne, Les Chiens de Paille, demeure une œuvre fascinante ou Peckinpah tient la violence comme une constante de la généralité contemporaine quelle que soit la localisation. Un film majeur du Nouvel Hollywood et du cinéma en général qui mérite d'être découvert, notamment parce qu'il demeure aujourd'hui, au même titre qu'un Délivrance, une référence du Survival.

mardi 11 septembre 2007

Macadam Cowboy, John Schlesinger (1969)

Joe Buck est un Texan qui monte à New York pour y tester ses charmes de gigolo. Il perd rapidement ses illusions et, sans un sou, fait la connaissance de Ratso Rizzo, un être maladif et lui aussi complètement démuni. Ils vont partager leur sort misérable dans les bas-fonds new-yorkais.

Depuis sa sortie en 1969, le film de John Schlesinger, lauréat de trois Oscars, a conservé toute sa puissance. Comme beaucoup de films de la période, L’Épouvantail de Schatzberg par exemple, Macadam Cowboy, s'attache à nous raconter le destin de deux losers, pleins d’ambition, à la poursuite du rêve américain, dans l’Amérique des années 60. John Schlesinger, à travers deux êtres attachants, perdus dans la foule new-yorkaise, en quête de bonheur, d’amour et d’argent, nous restitue une vision sombre de l’Amérique et de la société qu’elle engendre.

Ce très beau film contient de nombreuses similitudes avec des œuvres de la même période. Dans Alice n’est plus ici de Martin Scorsese, Alice rêve depuis son plus jeune âge de devenir une star de la chanson. Adulte, son rêve se prolongera. Elle ira jusqu’au bout et y parviendra malgré les difficultés auxquelles elle devra faire face. Dans Easy Rider de Denis Hooper, les deux motards sillonnent toute l’Amérique dans un but précis : vivre et se sentir libre. Thématique récurrente dans le cinéma américain des années 70, qu’on appelle communément l’American Dream.

Dans Macadam Cowboy, Joe Buck, jeune homme naïf mais ambitieux, désire quitter son Texas natal, préférant l’agitation des grandes métropoles. Dans le greyhound qui le conduit à New-York, roulant jour et nuit d‘Ouest en Est, Joe revoit son passé défiler, douloureux, illustré par des flash-back récurrents : parents absents, viol de sa petite amie. Dans le Point limite Zéro de Sarafian, Kowalski, le héros du film fait le pari de rallier San Francisco à Denver en moins de 15 heures. De la même manière que Joe, son passé est évoqué par l’utilisation de flash-back : Kowalski est un ex-pilote de course, vétéran du Vietnam et ancien policier traumatisé par le viol auquel il a assisté durant son service. Le rapprochement est inévitable. Joe et Kowalski sont deux losers, qui après tant d’années d’échecs personnels souhaitent fuir, qu’importe la destination, afin d’échapper à leur fatalité.

Les premières séquences dans la métropole rappellent celles d'Un Shérif à New-York. Comme Eastwood dans le film de Siegel, la tenue vestimentaire de Joe jure avec celle des citadins. Joe Buck, comme la plupart des anti-héros des années 70, (Travis Bickle de Taxi Driver, Lion de L'Epouvantail), apparaît en dehors du cadre et rêve de l‘intégrer. C'est un exclu de la société de consommation. Joe est un éternel enfant, perdu dans son imaginaire, persuadé d’être une sorte de héros des temps modernes. Il ne perçoit pas la frontière entre le rêve d’enfant et la réalité d’adulte. Ce sera Ratso Rizzo, être infirme et tout aussi démuni que lui, qui lui fera prendre conscience de la dure réalité de la vie en lui disant que son jeu de cowboy n’impressionne personne hormis les homosexuels. « Tu ne vas pas me dire que John Wayne était PD ! » rétorque Joe. Le côté candide et immature du personnage refait surface.

Joe arpente les avenues de New-York, bercé par le rêve Américain, relayé par une radio « ne vous inquiétez pas pour votre avenir [...] nous vous aiderons. Vous avez besoin d'argent ? nous vous en donnerons. ». Un contraste avec le New-York filmé par John Schlesinger, plus sale que jamais, ou Joe côtoie la faune urbaine : drogués, prostitué(e)s...
Le spectateur suivra son parcours initiatique, suivi de ses premières désillusions et son passé douloureux qui revient comme un leitmotiv.

Dans les dernières séquences du film, Joe et Ratso se retrouvent dans le bus qui les conduit à Miami, incarnation parfaite du rêve américain. Comme beaucoup de « héros » du cinéma américain des années 70, certains l'atteignent, épuisés, d'autres, meurent d'épuisement. Un excès d'énergie dépensée pour reprendre l'une des théories défendue par Jean Baptiste Thoret dans son ouvrage sur le cinéma américain des années 70. Les dernières images du film, le visage de Ratso, mort, baigne dans les reflets du soleil de Miami, symbole d'une âme perdue. Entre les deux hommes, naîtra une affection fraternelle, prétexte saisi par John Schlesinger, pour aborder le sujet de l'homosexualité. Une belle histoire d'amour en somme.