dimanche 23 septembre 2007

Délivrance, John Boorman (1972)

Quatre Américains de classe moyenne, Ed Gentry, Lewis Medlock, Bobby Trippe et Drew Ballinger décident de consacrer leur week-end à la descente en canöe d'une impétueuse rivière située au nord de la Géorgie. Ils envisagent cette expédition comme un dernier hommage à une nature sauvage et condamnée par la construction d'un futur barrage. Mais les dangers qu'ils affronteront ne proviendront pas uniquement des flots tumultueux de la rivière...

Une région entière va être inondée afin d'y implanter un barrage hydro-électrique, forêts, champs et notamment une rivière dont quatre amis décident d'en remonter le cours avant sa disparition. Boorman saisit ce prétexte pour réaliser un film marquant sur le thème classique de l'homme et de la nature, scénario librement adapté du roman éponyme de James Dickey.

Survival par excellence, Délivrance tire sa force de la confrontation permanente entre l'homme et son environnement, avec un astucieux parallèle entre la disparition de la rivière et la destruction de l'homme, par nature interposée, ou du moins la perte de ses valeurs et de ses repères. Boorman met en opposition l'harmonie de la nature jusque la préservée et la violence introduite par la civilisation a l'image des des tracteurs détruisant l'environnement et les déflagrations qui défigurent le paysage existant. Un véritable viol à l'instar de celui que subira un des protagonistes. En vérité, tout dans ce film est rupture d'harmonie que Boorman s'attache à décrire à travers des oppositions, des métaphores, telles le citadin et les habitants dégénères, le silence des paysages et les explosions, la beauté de la nature et la violence de l'homme.

Les quatre personnages du film sont de parfaits citadins, peu préparés à ce type d'aventure, à l'exception de l'un d'entre eux, brillamment interprété par Burt Reynolds, aguerri, déterminé et sans états d'âmes. L'intérêt du réalisateur est de se focaliser sur les personnages dont on attendait le moins de résistance pour les suivre dans leur comportement, mis à mal par les multiples épreuves auxquelles ils seront confontés. Aucun n'en sortira indemne de ce qui aurait pu être une belle aventure écologique, si elle n'avait pas été troublée par la violence, la compromission, le meurtre. La nature amène l'homme a être confronté à lui-même et chacun, à l'exception de Drew, perdra ses valeurs. Seule la nature sort victorieuse de ce combat, ou l'homme gagnerait a plus d'humilité. Le thème, somme toute classique, est très bien exploité par Boorman grâce notamment à la beauté des paysages et une talentueuse maîtrise des scènes de chutes de rapides. Le film a été tourné en décors naturels en Géorgie et en Caroline du Sud. Boorman a disposé semble t-il de moyens limités, mais le résultat est très honorable, d'autant que le film a été nominé dans plusieurs catégories...

Délivrance n'a pas pu se mesurer avec Le Parrain et Cabaret, grands vainqueurs de la soirée. Mais le temps l'a largement oscarisé, le faisant ainsi figurer dans les plus grands films du Nouvel Hollywood. Une grande oeuvre assurément.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Fable écologique qu'on n'oublie plus après l'avoir vue, sans doute le film le plus puissant du réalisateur. La scène du banjo... anthologie du septième art !

+++

Anonyme a dit…

Tu l'as récemment vu sur mon Blog, tu sais donc ce que j'en pense :)

Benoît

Anonyme a dit…

C'est un film âpre qui fait partie de l'histoire du 7ème art. C'est devenu un film référence et ceci 35 ans après.

Anonyme a dit…

Un film assez incroyable, d'une violence rare, à l'époque, dans les magnifiques paysages américains. J'ai
encore la mélodie au banjo dans ma tête ...