samedi 6 octobre 2007

Barry Lyndon, Stanley Kubrick (1976)

L'Irlande du XVIIIème siècle. A la mort de son père, le jeune et ambitieux Redmond Barry est décidé à monter dans l'échelle sociale. Après s'être battu en duel avec le soupirant de sa cousine Nora dont il est amoureux, il est contraint de fuir son pays pour échapper à la justice. Il s'engage dans l'armée anglaise, déserte, rejoint les rangs des soldats de Fréderic II. Ayant séduit la contesse de Lyndon, il l'épouse à la mort de son mari. Elle lui donne un nom, une fortune et un fils.

Galerie de peintures, concerts symphoniques ou portraits d'un anti-héros ? Adapté du roman de Thackeray, Barry Lyndon retrace l'ascension et la chute d'Edmond Barry dans la haute société Anglaise du 18éme siècle et son itinéraire d'opportuniste et de parvenu.

Petit noble irlandais déchu, puis soldat de l'armée de Georges III, Barry se hissera au sommet, à forces de combines, de tricheries au jeu et avec pour finir, un mariage fortuné avec une aristocrate au grand style, veuve d'un lord infirme et fortuné. Il découvrira un monde corrompu aux règles néanmoins bien définies, avec ses trahisons, ses futilités, ses tromperies, un monde de gentlemen en somme. Edmond Barry est décrit en parvenu, pourtant beau, sans scrupules mais humain tout de même. On est loin d'une description manichéenne d'un méchant personnage.

De son coté, Lady Lyndon est projetée en aristocrate, trompée, bafouée, silencieuse face au sort qui s'acharne sur elle, digne et campée en héroïne tragique. Le narrateur qui nous conte l'histoire s'arroge plusieurs rôles non content de nous raconter, il juge, préjuge, anticipe la fatalité qui s'abat sur le héros et imprime son rythme a l'histoire, l'accélérant ou le ralentissant a son gré. L'effet est néanmoins agréable car paradoxalement, le spectateur est sollicité et témoin, et prend partie.

Plus fascinants encore, sont les décors, la campagne irlandaise ou allemande, les ciels surchargés préfigurant la tragédie, les châteaux somptueux et les champs de Bataille, Kubrick a ressuscité Gainsborough et Constable pour les enrôler comme assistants. Les événements sont entrecoupés : de véritables tableaux, extrêmement bien cadrés qui contribuent à adoucir la violence de certaines scènes tournées en extérieurs. Stanley Kubrick, outre le fait d'être perfectionniste, tenait à restituer exactement les éclairages des intérieurs de l'époque sans ajouter l'appoint de lumières artificielles. Stanley Kubrick a également reconstitué l'Europe du 18éme Siècle avant et après la Guerre des 7 ans.

Tous les costumes et décors du film ont été fidèlement reproduits d'après les tableaux d'époque. Barry Lyndon est également agrémenté de sublimes travellings avant et arrière, de plans séquences homogènes et de mouvements fluides. On soulignera que Stanley Kubrick a put trouver un objectif, aussi sensible qu'un oeil mis au point pour les études de la NASA, et, autour, il fit construire une caméra nommée le « Zeiss ». On retrouve dans Barry Lyndon de superbes musiques classiques empruntées à Mozart, Vivaldi, Bach ou encore Haendel qui renforcent également le côté documentaire.

En dépit d'un échec commercial, quatre oscars ont couronné Barry Lyndon : meilleur direction artistique et décors, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical. Barry Lyndon s'impose à la fois comme une oeuvre majeure dans la filmographie de Stanley Kubrick, d'une magnificence visuelle encore inégalée, et à mes yeux, son plus grand film.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il n'y a rien d'autre à dire que c'est un chef d'oeuvre. Bravo pour votre billet.