mercredi 12 septembre 2007

Les Chiens de Paille, Sam Peckinpah (1971)

Un jeune professeur de mathématiques américain, David Sumner, s'installe pour travailler dans une ferme isolée de Cornouailles, le pays natal de sa femme Amy. Il engage quelques jeunes gens du village pour réparer sa grange. L'un d'eux, Venner, a eu une liaison avec Amy avant son mariage. Ils proposent une partie de chasse à David et, en son absence, Venner et son ami Scutt violent...

Sam Peckinpah est un grand cinéaste. Mais également très délaissé du grand public. En tournant Les Chiens de Paille, le cinéaste aborde a nouveau les thèmes récurrents dans son œuvre : la violence et ses conséquences sur le comportement de l'homme. Peckinpah a déjà bouleverse les règles du Western en réalisant La Horde Sauvage, mais avec Les Chiens de Paille, il renoue avec des règles qui lui sont familières, notamment l'assaut final rappellant le Rio Bravo de Howard Hawks.

Les Chiens de Paille s'attache à nous raconter le destin de David, jeune mathématicien, désirant fuir l'Amérique et son atmosphère orageuse. Il émigre alors en Cornouailles ou il est confronté dés son arrivée à l'agressivité des autochtones. Atteint dans ses convictions, il aura lui aussi recours à une violence qu'il combat. Le ton et donné des les premières séquences : un village pauvre, des hommes désœuvrés notamment quelques personnages aux faciès inquiétants dont les regards lubriques se posent sur les jeunes filles qui traversent la place. Un jeune américain, Dustin Hoffman fait son apparition dans ce monde qui lui est étranger, en compagnie de sa femme originaire de la région, afin d'y trouver le calme et la tranquillité, fuyant ainsi l'agitation des grandes métropoles américaines et la violence. Cette situation donne matière au thème principal du film, la violence dans une ville déshéritée d'Angleterre. La loi y est réduite a sa plus simple expression, incarnée par un juge sans grand pouvoir. Les relations entre les hommes sont primaires. On pense a une société traditionnelle voire moyenâgeuse ou les biens et les femmes sont convoités.

Progressivement, les autochtones vont envahir l'intimité du couple. La caméra accompagne cette intrusion par une focalisation permanente sur les victimes potentielles. La naïveté et l'honnêteté de David encourageront l'impunité totale des tortionnaires. Le comportement de David sera interprété comme un signe de faiblesse. Sa femme semblera étrangement s'accommoder de cette situation qui lui semble familière. Le viol de Susan George est ainsi annoncé par un voyeurisme récurrent ou participent enfants et adultes. Une traque impitoyable aboutissant à l'assaut final ou se distinguera par son courage, le héros, retrouvant par son comportement l'estime de sa femme ayant grandi dans cette communauté primitive. Une relation complexe, faite de provocations, de sympathie et de répulsion s'établit entre Susan Georges et les villageois. Cette situation est la résultante de la conscience de la faiblesse de son mari et la reconnaissance des plus forts. La scène du viol reflète cette ambiguïté. Sa résignation traduit une certaine acceptation et une reconnaissance de la force. Elle n'a pas totalement rompu avec ce monde primitif.

On retrouve également dans Les Chiens de Paille, des procédés de mise en scène fréquents chez le maître (ralentis, montage brut...). Le cadre du film est à l'image de la scène finale. Lors de l'assaut des villageois, Dustin Hoffman retrouve l'instinct naturel de l'homme traqué et amené à se défendre.

Longtemps interdit en Grande Bretagne, Les Chiens de Paille, demeure une œuvre fascinante ou Peckinpah tient la violence comme une constante de la généralité contemporaine quelle que soit la localisation. Un film majeur du Nouvel Hollywood et du cinéma en général qui mérite d'être découvert, notamment parce qu'il demeure aujourd'hui, au même titre qu'un Délivrance, une référence du Survival.

1 commentaire:

karamzin a dit…

"Cette situation est la résultante de la conscience de la faiblesse de son mari et la reconnaissance des plus forts. La scène du viol reflète cette ambiguïté. Sa résignation traduit une certaine acceptation et une reconnaissance de la force. Elle n'a pas totalement rompu avec ce monde primitif" très bien ça, ouais vraiment.